L’escalade est une discipline qui sollicite intensément les muscles, les tendons et les articulations des mains. Cette activité peut provoquer diverses pathologies, en particulier chez les pratiquants réguliers ou les sportifs de haut niveau. Il est essentiel de connaître les principaux troubles, leurs causes, ainsi que les moyens de prévention et de traitement.
Les tendons fléchisseurs des doigts proviennent des muscles fléchisseurs situés dans l'avant-bras. Ils traversent le poignet via le canal carpien pour atteindre les doigts. Ils sont au nombre de deux pour les doigts longs et unique pour le pouce. Les tendons traversent le canal carpien pour ensuite se répartir sur les doigts. Ils cheminent alors dans le canal digital formés par les poulies digitales.
Les tendons fléchisseurs sont maintenus contre les phalanges et les articulations par un système de poulies fibreuses qui optimisent leur fonction et préviennent les phénomènes de "corde d’arc". On distingues les poulies annulaires dont les plus importantes sont les poulies A2 et A4, des poulies cruciformes dont la fonction est moins importante.
Dans ce type de préhension, les articulations des doigts longs sont en flexion plus ou moins marquées. 3 ou 4 doigts sont généralement utilisés. Le pouce ne joue pas de rôle dans cette prise. Il existe différentes variantes en fonction du type de prise de roche à saisir.
La position arquée permet de se tenir de façon très efficace sur des petits méplats rocheux. Elle consiste en une hyperextension
de l’interphalangienne distale (IPD), une flexion de l’interphalangienne proximale (IPP) de plus de 90◦ et une discrète flexion de l’articulation métacarpophalangienne (MCP). Pour plus de force le pouce vient verrouiller la prise. Le fléchisseur commun superficiel des doigts est le muscle principalement mis en jeu. Ce type de préhension est considéré comme très traumatisant pour les articulations et les poulies digitales.
Cette prise n’utilise qu’un ou deux doigts, en général le majeur, seul ou associé à un doigt adjacent (index ou annulaire). Le ou les doigts. Le ou les doigts sont introduits dans le petit trou par une flexion de l’IPD,
les autres articulations étant plus ou moins en extension. Les MCP des doigts adjacents sont fléchies au maximum ce qui augmente la force de traction du doigt actif. Ce type de prise est traumatisant pour le fléchisseur profond et pour les muscles lombricaux.
Ce type de préhension est utilisé pour des prises verticales. La prise est pincée entre
le pouce et les doigts longs. Ces derniers pouvant prendre une position de préhension ouverte ou arquée en fonction de la largeur de la prise.
Le coincement consiste à glisser les doigts, la main ou le poingt dans une fissure .
Le maintien de la prise est ainsi obtenu grâce aux forces de frottement entre la peau et le rocher.
Les blessures de la main chez les grimpeurs sont souvent liées à des sollicitations répétées ou à des mouvements brusques. Voici les pathologies les plus fréquentes :
Les poulies sont des structures ligamentaires situées au niveau des doigts. Elles maintiennent les tendons fléchisseurs contre l’os pendant la flexion des doigts. Lors d’un effort excessif, comme lors d’une prise arquée, une rupture partielle ou totale de ces poulies peut survenir. Ce type de blessure se traduit par une douleur aiguë au niveau du doigt, souvent accompagnée d’un craquement. La rupture aiguë d’une poulie constitue la lésion la plus fréquente des grimpeurs, mais des atteintes chroniques sont également possibles avec des épaississements réactionnels rarement rencontrés dans d’autres activités.
La rupture d’une poulie digitale annulaire est la lésion la plus fréquente liée à la pratique de l’escalade. 30% des pathologies de la main du grimpeur. Elle est favorisée par l’utilisation de la position arquée. La poulie A2 est la plus souvent lésée suivie de la poulie A3 et A4.
Lors de la rupture, le patient peut entendre un bruit sourd caractéristique de la rupture. La douleur est au premier plan imposant de suspendre son activité. Le diagnostic est clinique. Il est important de rechercher un effet de corde d’arc des tendons fléchisseurs témoignant du caractère complet de la rupture. Il est souvent demandé une échographie ou une IRM pour confirmer le diagnostic. Le traitement dépendra du niveau du grimpeur, de caractère partiel ou complet de la lésion et de la présence d’une lésion isolée ou étagée des poulies.
En cas de rupture partielle, le traitement est le plus souvent médical par strapping ou bague de soutien.
En cas de rupture complète avec des tendons prenant la corde de l’arc et d’autant plus chez le grimpeur de haut niveau, le traitement sera plutôt chirurgicale par reconstruction de la poulie.
Les poulies A2 et A4 des grimpeurs de bon niveau sont significativement plus épaisses que celles des non-grimpeurs de même âge. Ces modifications, qui sont le résultat d’une adaptation morphologique, sont le plus souvent asymptomatiques. Toutefois, elles peuvent en cas de surentraînement générer des douleurs.
Le traitement consiste le plus souvent en du repos et un soutien par strapping lors de l’exercice.
Les tendinopathies touchent principalement les tendons fléchisseurs. Elles apparaissent à la suite de microtraumatismes répétés ou d’une surcharge prolongée. Les grimpeurs peuvent ressentir une douleur progressive, souvent accentuée lors des phases de repos ou de reprise de l’effort. Elles sont confirmées par l’échographie ou l’IRM.
Le traitement consiste en du repos, des antalgiques, voire des infiltrations dans les résistants.
Les ruptures des tendons fléchisseurs sont rares. Le “jersey finger” correspond à une désinsertion du tendon du fléchisseur commun profond sur la phalange distale. Cette situation se rencontre, principalement au rugby, lorsque le doigt est fléchi et que l’IPD est portée en hyperextension.
Les prises imprévues ou les chutes peuvent provoquer des entorses des doigts, des luxations voire des fractures des phalanges. Ces blessures engendrent une douleur aiguë et d’un gonflement. Il est donc impératif de réaliser des radiographies des doigts après tout traumatisme et de traiter chacune des pathologies spécifiquement.
Les causes de ces pathologies sont multiples. Les mouvements répétitifs, typiques de l’escalade, provoquent des microlésions qui s’accumulent avec le temps. L’absence d’échauffement ou d’exercices de préparation physique accentue le risque de blessure. De plus, certaines techniques, comme les prises arquées ou en pincette, exercent une forte pression sur les doigts et les tendons.
Un diagnostic précis repose sur l’évaluation clinique et, si nécessaire, des examens complémentaires. Le médecin examine les signes extérieurs tels que la douleur, le gonflement et les déformations. Des radiographies, une échographie ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) peuvent être prescrites pour confirmer le diagnostic et évaluer l’étendue des lésions.
Le traitement dépend de la nature et de la gravité de la blessure. Les options peuvent être conservatrices ou, dans certains cas, chirurgicales.
Pour les blessures légères à modérées, le repos est souvent la première mesure recommandée. Il est essentiel de suspendre temporairement la pratique de l’escalade pour permettre aux tissus de se régénérer. Des techniques de cryothérapie peuvent être utilisées pour réduire l’inflammation.
La kinésithérapie joue un rôle crucial dans la récupération. Les exercices de réhabilitation permettent de renforcer progressivement les muscles et les tendons, tout en rétablissant la mobilité articulaire. Dans le cas des tendinopathies, des techniques spécifiques telles que le renforcement excentrique sont particulièrement efficaces.
En cas de lésions sévères, notamment lors de ruptures complètes de poulies ou de fractures complexes, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. L’objectif est de réparer les structures endommagées et de restaurer la fonction de la main. La rééducation post-opératoire est essentielle pour retrouver une fonctionnalité optimale.
La prévention est un élément clé pour limiter le risque de blessures chez les grimpeurs. Plusieurs mesures peuvent être adoptées :
Il est recommandé de consulter un médecin spécialiste en cas de douleur persistante, de gonflement important ou de limitation de la mobilité. Un diagnostic précoce permet de mettre en place un traitement adapté et d’éviter les complications à long terme.
Les pathologies de la main chez les grimpeurs sont fréquentes en raison des contraintes importantes imposées par cette discipline. Une bonne préparation, des techniques appropriées et une prise en charge précoce des blessures permettent de limiter les risques et de favoriser une pratique sécurisée de l’escalade. Les grimpeurs doivent rester attentifs aux signaux de leur corps pour préserver la santé de leurs mains.
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